Le préaccord entre la Commune et la Région prévoit de ne rien construire sur une partie du champ. Mais pour une durée de 15 ans seulement. Après ce délai, la SLRB pourrait aisément reprendre la bétonisation. L’exemple des potagers Ernotte Varda (Ixelles/Watermael-Boitsfort) en est l’illustration.
Il était une fois un grand potager à Ixelles, cultivé par des riverains. En 2009, l’idée est « apparue », d’y construire du logement social «pour résoudre la crise du logement». Une partie du terrain est alors construite. En 2011, les citoyens parviennent à sauver une bonne partie des potagers du bétonnage. Mais ce n’était que partie remise, car en 2018, les pouvoir publics remettent les couverts en invoquant « la nécessité de construire du logement social ». La mobilisation des riverains reprend, mais déjà la Commune assure que le site ne sera pas détruit entièrement… «mais qu’il faut répondre à la crise du logement ». Une politique de « grignotage » qui vise à faire oublier cette « tache verte » dans le paysage urbain.
Rappelons pourtant -une nouvelle fois- que près de 4500 logements sociaux bruxellois sont actuellement inoccupés faute d’entretien, qu’il y en a près de 4 fois plus dans le secteur privé et que des milliers de mètres carrés de bureaux ne demandent qu’à reprendre du service dans le logement.
Même scénario pour les Dames Blanches ?
Le plan défendu par la Région Bruxelloise avec l’aide de l’actuelle majorité s’inspire du même scénario.
Comme nous l’avons souvent répété, c’est dans 15 ans que la majorité en place (après trois élections successives !) devra prendra la décision d’acheter (ou non), la seconde partie du champ des Dames Blanches non construite lors de la première phase. Le prochain Bourgmestre (élu en 2036) aura alors 6 mois pour prendre sa décision. En cas de refus d’acheter le terrain, la SLRB pourra reprendre immédiatement ses constructions sur le champ. Ce qui pourrait amener, à terme, la construction de 400 ou 450 logements sur le Champ des Dames Blanches.
La conclusion de tout cela ? La volonté de la SLRB est bien de construire plus de 400 logements, et pour l’éviter, il faudrait compter (selon l’actuel Bourgmestre), sur la décision hypothétique du -prochain- Bourgmestre inconnu issu d’une majorité toute aussi inconnue qui sera en place vers …2037. A ce moment, Il faudra espérer que le budget communal (déjà en difficulté aujourd’hui) aura les ressources financières nécessaires pour réaliser l’achat, et que le Champ des Dames Blanches sera encore une priorité pour cette majorité future dirigée par des partis qui n’existent sans doute pas aujourd’hui.
Autant de points d’interrogation qui nous incitent à penser qu’il ne faudra plus attendre longtemps avant de voir disparaître ce qui pourrait encore rester le dernier champ agricole de la commune.
Heureusement, l’avenir du champ n’est pas encore écrit. L’importance que prend aujourd’hui le respect de l’environnement et la lutte contre la bétonisation des derniers espaces verts sont des arguments avancés par de nombreuses études. Dont celle du dernier rapport du Comité d’experts Climat bruxellois. Nous y reviendrons bientôt.