Lundi soir avait lieu la présentation du projet de construction retenu par un «jury». Une proposition rejetée en masse par les riverains venus en nombre.
En principe, la soirée avait pour but de présenter le projet architectural retenu par un jury autodésigné ayant à choisir parmi cinq propositions. Un scénario bien organisé, qui semblait toutefois oublier qu’aucun accord des riverains du champ n’a encore été demandé, ni obtenu à ce jour. Ils étaient venus le rappeler.
Les représentants de Citydev ont d’abord tenté de justifier -une nouvelle fois- le choix de désigner 21 personnes « tirées au hasard » et rémunérées pour chaque présence à des réunions secrètes qui ont précédé cette première réunion publique depuis 6 mois. Les 21 personnes avaient dû signer un accord de confidentialité leur interdisant de communiquer avec les autres riverains. Nous ne reviendrons pas sur ce haut fait de la transparence politique.
Des « micro-refuges pour animaux »
La technique, très connue en politique, est celle du principe de répétition : si les habitants n’acceptent pas une proposition, c’est parce qu’ils n’ont pas bien compris. Il suffit de la leur réexpliquer sans cesse jusqu’à ce qu’ils abandonnent. Mais les participants avaient leurs propres questions.
Plutôt que de la taille des briques et des « micro-refuges pour animaux », les riverains ont voulu parler trafic routier dans l’avenue des Dames Blanches, places de parking insuffisantes, financement du projet, avenir incertain de la zone 2 .1 « non constructible »…
Budget mal ficelé
Un membre de la SLRB, propriétaire sociale du terrain, confirme que la Société bruxelloise du Logement interviendra pour 50% dans le financement de la construction des logements sociaux (120 sur les 200 prévus). C’est donc à « En Bord de Soignes », en grandes difficultés financières (voir nos posts précédents) de financer le reste alors que ses pertes, pour 2022, sont proches de 850.000 Euros). Le Bourgmestre, actionnaire à 30% de Bord de Soignes, a immédiatement confirmé -comme il le fait depuis le début- que la Commune n’interviendra pas pour un Euro dans ce projet.
Et comment comprendre cet acharnement à vouloir construire 200 logements alors que « En Bord De Soignes » compte 234 logements sociaux inoccupés depuis parfois plus de 10 ans. Avec un risque réel : un propriétaire privé vient d’être condamné pour ne pas avoir rénové un logement inoccupé. (voir posts précédents)
L’autre problème financier évoqué par les riverains est celui de l’achat de la zone 2.1 par la Commune, pour éviter toute construction dans 15 ans, comme le prévoit le protocole d‘accord entre la Région bruxelloise et la Commune. Le but annoncé est de provisionner un montant annuel pendant 15 ans pour acheter la zone non construite lorsque la majorité (inconnue) devra décider, dans 15 ans, d’acquérir, ou non, cette partie de terrain. C’est là que commence le flou total : personne ne sait (pas même le Bourgmestre) quel sera le prix demandé par la SLRB. Le provisionnement annuel de 500.000 euros prévu depuis cette année ne repose donc sur rien. Qui peut croire que le terrain de plusieurs hectares, situé à Woluwe-Saint-Pierre, sera vendu 7,5 millions d’Euros dans … 15 ans ? Mais surtout, personne ne peut dire, aujourd’hui, quelle sera la politique menée par la majorité de la Commune de Woluwe-St-Pierre en 2037 (3 élections successives). Les priorités du moment, les volontés du Bourgmestre de l’époque, l’état des finances de la Commune et de la Région interdisent de tirer le moindre plan sur la comète. C’est l’un des gros points faibles de ce scénario : les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
Mobilité : faudra qu’on en reparle
Un obstacle immédiatement évoqué face au projet de la SLRB soutenu par la Commune est celui de la mobilité. L’aspect enclavé du champ ne permet pas de faire entrer et sortir les centaines de voitures du champ par l’avenue des Dames Blanches en un seul point « où aucun feu n’est prévu pour l’instant ». Les véhicules des habitants, des visiteurs, des sociétés de transport et du personnel de la crèche impacteront considérablement le trafic dans cette avenue au gabarit étroit. La crainte des habitants est de voir l’avenue des Dames Blanches élargie pour en accélérer le débit.
Le parking des véhicules inquiète également : le nombre de places prévues est largement inférieur à un véhicule par ménage . D’autant qu’il faut y ajouter le personnel de la crèche et les parents qui viennent et repartent 2 fois par jour. La recherche de places pour les véhicules supplémentaires générés par ce projet ne pourra qu’entrer en concurrence avec celles du vieux quartier et de Sainte -lix, tous deux déjà saturés dès la fin d’après-midi.
Voitures électriques en souterrain ?
Un participant s’est légitimement inquiété des parkings prévus sur le champ. Tous sont placés en souterrain. Or, l’avenir est au véhicule électrique. Et déjà, des voix se lèvent contre l’installation en sous-sol de telles voitures dont les incendies liés aux batteries rendent les interventions des pompiers pratiquement impossibles. L’emballement thermique ne peut être arrêté par de l’eau ou une privation d’oxygène et les véhicules brûlent avec deux fois plus d’intensité que lors d’un incendie normal.
Bref, la mobilité reste un vrai problème, comme l’a reconnu le Bourgmestre lui-même : « la mobilité reste un point important ».
Tout comme celui lié aux problèmes d’écoulement d’eau, s’il est vrai que le projet représente 63% d’emprise au sol en termes de minéralisation. Difficile de croire que quelques « noues » suffiront à retenir les flots en cas de fortes pluies.
Respect du PPAS ?
La présentation du projet retenu par le « jury » avançait par ailleurs le respect du PPAS (Plan Particulier d’Affectation du Sol toujours actuel). L’argument de la Région repose sur le fait que le projet respecte le gabarit des bâtiments du PPAS… Et c’est tout. Par souci d’exactitude, des participants ont voulu ajouter que le PPAS (qui date du début des années 2000) prévoit un nombre de 120 à 130 logements, et non 200 logements. Et que même pour ce nombre de logements plus réduit, il est prévu deux voies d’accès pour éviter d’engorger l’avenue des Dames Blanches.
Depuis le projet de construction précédent (2017) le Bourgmestre s’était, en outre, engagé à ce que le projet soit équilibré entre 1/3 de logements sociaux, 1/3 de locatif moyen et 1/3 d’acquisitif).
Et la consultation populaire dans tout cela ?
Alors que l’on ne parlait plus que d’une future enquête publique (purement légale), le Bourgmestre a confirmé qu’il y aura bien une véritable consultation populaire avant la procédure légale, mais sans en préciser la date.
En conclusion…
La réunion de lundi relevait simplement de l’information donnée par un « jury » sur son souhait de construire un projet de promotion immobilière. Ce n’est pas faire injure à la vérité que de dire qu’il a été fraîchement reçu.
Nous étions le 13 du mois… lundi, certains ont dû croire à la numérologie.