La plupart des riverains du vieux quartier ont appris par la presse la volonté de la Région et de la Commune de défendre la construction de 200 logements (contre 130 pour le PPAS actuel). Le protocole d’accord prévoit de revoir ce plan de construction d’ici 10 et 15 ans. Ce qu’il adviendra plus tard des espaces non construits est donc largement inconnu. La crainte majeure de la population est que le lotissement s’effectue par tranches. Pour, un jour, atteindre les 350 ou 500 logements envisagés dans le passé.
Pour la lecture complète du préaccord, cliquez ici, le document comprend également les plans de différents projets.
Ce qui suit vise à préciser certains points du protocole qui soulèvent nos questions, voire nos craintes, sur l’avenir du Champ des Dames Blanches.
130 logements pour toujours ou 200 logements pour une première phase ?
«En principe», seuls 5 hectares du terrain des Dames Blanches seront construits. Le reste sera consacré à des espaces verts et aux équipements collectifs, dont une crèche. La plus grande faiblesse du projet porte sur la garantie que le nombre de 200 logements constitue bien un maximum qui ne sera jamais dépassé. Ce nombre pourrait, selon les termes de l’accord signé par la Commune, être revu à la hausse. En effet, après 15 ans, la convention prévoit la possibilité du retour d’une zone non construites à la SLRB (Société de logement social bruxelloise). Qui pourra, dès lors, lancer une nouvelle phase de lotissement. Et (pourquoi pas ?) doubler ainsi le nombre des habitations. Pour éviter ce risque, la Commune de Woluwe-Saint-Pierre devra impérativement opter pour l’option (qui n’est pas une obligation) d’acquérir la partie du terrain non loti.
Mais qui peut garantir que l’état financier de Woluwe-Saint-Pierre permettra, en 2037, ce rachat ? Et qui peut garantir -si ce rachat a lieu- que le terrain ne sera pas construit pour rembourser l’acquisition de ce terrain par la Commune?
On ne devrait d’ailleurs pas attendre 15 ans, puisque l’on peut lire dans le même protocole que « dans les 10 ans de sa signature, les parties évalueront si le projet doit être poursuivi sur sa forme actuelle. En tout état de cause, la zone 1 (ndlr : phase de construction de 200 logements) sera maintenue avec sa vocation de logement ». Le nombre de constructions pourrait donc être accru.
Le projet respecte-t-il le PPAS ?
Sur antenne, et dans la presse, Benoît Cerexhe assure que le nouvel accord respecte le Plan Particulier d’Affectation du Sol (PPAS) établi par la Commune (le bourgmestre actuel participait à la majorité qui a voté ce PPAS il y a 20 ans). Cette affirmation semble pour le moins exagérée.
-Le PPAS de 2001 prévoyait un maximum définitif de 130 logements et non un nombre de 200 logements qui pourrait évoluer dans le temps.
-Le PPAS prévoyait deux voies permettant l’accès au nouveau lotissement enclavé par la forêt et les quartiers des Dames Blanches et des Lauriers. Le nouveau projet ne contient, pour davantage de logements, une crèche et des bâtiments à usage collectif, qu’un seul accès. Par comparaison, le « Vieux Quartier » dont le bourgmestre assure que le nouveau quartier sera la « duplication », comporte, quant à lui, pas moins de 4 entrées et 3 sorties.
Densité: on a oublié de comptabiliser un quartier
-Enfin, pour le calcul de densité du futur quartier, le nouveau projet ne prend toujours en compte que deux des trois quartiers adjacents: le « Vieux Quartier » de Joli-Bois et le Quartier « Sainte-Alix ». En oubliant volontairement de comptabiliser le quartier des « Pins Noirs ».
Malgré cela, la densité ne correspond en rien à celle du PPAS, tant pour la surface maximum bâtie que pour le nombre de logements. La simple lecture du protocole d’accord permet de le vérifier.
Bref, il y a bien dérogation au PPAS et non « adaptation » de ce dernier. Et cela tant pour les voies d’accès que pour le nombre de logements et la densité de construction. Cela fait beaucoup.
Vous avez dit mixité?
Parmi les « 3 balises », érigées par Benoît Cerexhe dans son accord de majorité communale, figurait la nécessité d’une mixité de population. A savoir 1/3 de logements sociaux, 1/3 de logements locatifs privés et un 1/3 de logements acquisitifs. Désormais, les logements locatifs privés disparaissent, et tous les logements sociaux prévus sont accolés aux logements sociaux existants. (Dames Blanches et Vieux Quartier). La zone non encore construite (pour 15 ans) semble conçue pour éloigner ( protéger ?) le quartier des villas des logements sociaux. Ce qui pourrait avoir pour ambition cachée de briser la forte solidarité qui unit les habitants des trois quartiers (Vieux Quartier, Sainte-Alix et Pins Noirs) dans leur défense du champ. Par ailleurs, cela ne participe pas vraiment à la vocation de mixité sociale demandée par toutes les parties.
Mobilité. Un seul accès pour tout un quartier ?
Une raison essentielle de l’échec des deux précédents projets était l’amateurisme avec lequel les promoteurs avaient traité le problème de la mobilité. Dans les deux cas, une seule route d’entrée sortie était prévue (avenue des Dames Blanches) alors que le PPAS en prévoit deux. Une maison située dans l’avenue des Lauriers a d’ailleurs été expropriée à cette fin par la Commune au début des années 2000. Ce qui impliquait, dans les deux précédents projets, un élargissement de l’avenue des Dames Blanches pour en faire un boulevard.
Comment envisager le croisement des bus de la STIB sans élargir l’espace routier ?
Lors d’une émission à laquelle nous participions le vendredi 3 septembre, Benoît Cerexhe nous a garanti que l’on ne toucherait pas à l’avenue des Dames Blanches. Si c’est bien le cas, comment gérer sur une seule entrée/sortie, le flux quotidien de plus de 200 voitures supplémentaires des habitants, sans parler de l’afflux du trafic provoqué par la présence d’une crèche (bienvenue) et des bâtiments collectifs prévus.
Comment, d’ailleurs, envisager le croisement des bus de la STIB sans annuler les espaces de stationnement existants et/ou élargir l’espace routier ?
Répétons-le : le Vieux Quartier compte, à lui seul, 4 entrées et 3 sorties et le trafic de l’avenue des Dames Blanches pose déjà problème aujourd’hui.
Pour la bonne compréhension du plan en annexe, il faut savoir que la zone 2.2 en lisière de la forêt (voir les plans du protocole d’accord) ne peut en aucun cas être construite pour des raisons légales (non aedificandi) et que la zone 2.3 ne peut être construite pour des raisons pratiques : elle se situe, pour une large part, en surplomb des maisons existantes de l’avenue J-B Dumoulin. Soit un espace total de 1,84 ha qui ne peut être construit.
Tout se joue donc sur la construction de la zone 1 et de la zone 2.1 (voir le protocole d’accord).
La consultation populaire
Comme toujours, le diable se cache dans le détail. L’accord évoque une consultation populaire. Mais sur quelles bases cette consultation pourra-t-elle s’exprimer ? Sera-ce un texte unique qu’il faudra accepter ou refuser en bloc? Pourra-t-on intervenir dans le plan final ? (densité, nombre de logements, nombre d’accès…)
Et s’il est refusé, la Commune suivra-t-elle les riverains ?
Au moment de publier cet article, la date de la première réunion d’information n’était pas encore communiquée.