Voici la prise de position de Mohamed Ouriaghli, échevin à la ville de Bruxelles. Il y déclare notamment qu’il trouverait inacceptable « qu’un grand nombre de logements sociaux soit sacrifié pour calmer la peur fantasmée de quelques riverains. »
Jeudi dernier, j’ai profité de la commission Logement du Parlement de Bruxelles-Capitale pour interroger Céline Frémault, Ministre du Logement, à propos du projet d’urbanisation des friches aux Dames Blanches, site situé dans la commune de Woluwe-Saint-Pierre. En effet, comme tout un chacun, j’ai pris connaissance de sa position sur ce dossier, à la lecture de l’article publié dans le journal Le Soir, daté du 25 avril dernier.
Ce projet est loin d’être anodin pour notre capitale puisque ce site s’étend sur 9,7 hectares et constitue la dernière grande réserve foncière de la Société du logement de la Région de Bruxelles-Capitale (SLRB). Or, je veux rappeler au préalable que la part de logements sociaux à Woluwe-Saint-Pierre est inférieure à 5%, soit le 5ème taux le plus bas de notre Région dont la moyenne n’est que de 7%. Nous savons pertinemment que toutes les communes ne sont pas bonnes élèves, mais des efforts partagés doivent impérativement être fournis face à l’urgence sociale.
Je souscris totalement aux propos de la Ministre quand elle souligne le défi auquel doit faire face Bruxelles dans le domaine du logement. « Pas besoin de rappeler les prévisions du Bureau du Plan qui prévoit une hausse de près de 30% de la population à l’horizon de 2060 avec un chiffre tournant autour du million et demi d’habitants. La demande de logement est donc forte, particulièrement pour le logement public sachant qu’à Bruxelles, un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté », dit-elle.
Il faut donc une ambition en matière de création de nouveaux logements d’autant, qu’outre le défi démographique qui attend notre Région, la situation du logement à Bruxelles est alarmante.
Je reste pourtant vigilant parce qu’il serait à mes yeux tout à fait inconcevable que pour faire aboutir un projet d’urbanisation rapidement, un grand nombre de logements sociaux soit sacrifié pour calmer la peur fantasmée de quelques riverains. Produire trop peu de logements, a fortiori quand cela représente la plus grosse réserve foncière de la SLRB à l’échelle de la Région et dans une des communes les moins dotées en logements sociaux, constituerait une démission politique ! Il est vrai que ce dossier traîne et fait l’objet de négociations depuis trop longtemps. Si la concertation avec les riverains est primordiale, je pense qu’il ne faut rien abandonner à la nécessité de construire du logement. Pédagogie et information ne sont pas synonymes de compromis, voire de compromission. Evidemment, nous constatons l’échec que furent les cités et les grands ensembles. Mais nous constatons aussi que l’effort de mixité sociale, l’effort de confort et l’effort d’intégration urbaine ne sont pas antagoniques avec celui de la construction effective d’un nombre convenable de logements à l’échelle de notre Région.